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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/312

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sur mon cœur, n’était-ce pas l’expression nécessaire, invincible, de la plus sublime tendresse ? Oui, grâce aux réalités chères et saintes qui formulent l’être, je puis te voir, te toucher, t’étreindre… Je veux dire, je pourrais… Ah ! cher Ali, tu ne le vois pas, mais tu veux follement refaire cette œuvre divine de la vie.

Tu blâmes cette erreur de la séparation du corps et de l’esprit. Tu la déclares immorale, et tu la subis, tu l’acceptes !…

Ah ! c’est vrai ! l’abjection existe ; mais toi, qui juges de si haut cet abîme, n’en peux-tu détourner les yeux, en effacer en toi jusqu’au souvenir ?

Ne me parle plus, ne parlons jamais des autres, de ces fous, de ces infâmes… Qu’ont-ils à faire avec nous ? Ne nous flétris pas de comparaisons semblables. Ne me parle pas de l’homme que je fus. Je t’aime. Il n’existe plus.

Oui, tu blasphèmes ! Cet amour dont tu oses parler avec mépris, c’est le lien éternel de tous les amours, leur père, leur créateur, leur Dieu ! Il est ce qu’il est, non ce qu’on l’a fait.

Ne vois-tu pas que, tournés l’un vers l’autre comme nous le sommes, notre destinée est de nous unir de l’union la plus complète ? Vivre séparés ! quand toutes les forces de mon être te désirent, quand ton cœur a besoin de moi ! Seuls tous deux, sans famille, abjurer ces joies, qui sont des vertus ! Pour avoir erré, un bandeau sur les yeux, en cherchant ma route, serais-je maudit à jamais ? La science en ce monde ne s’acquiert que par l’erreur, ne le sais-tu pas ? Hélas ! non, tu ne le sais pas ; ton défaut, à toi, c’est d’être sublime. Mais je t’en