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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/318

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des et semait dans les bois ses fleurs, quand Paul Villano arriva à la Chesneraie. Traversant la grande cour verte, il rencontra sur le seuil du château miss Dream, fort émue, qui, en lui tendant la main, le salua du titre de cousin, et à laquelle, en souriant, il donna l’accolade nécessaire pour prouver sa parenté aux yeux des témoins de cette rencontre. Sur les pas de l’institutrice, et avec un indicible battement de cœur, il traversa le grand corridor dallé de pierre, et vit s’ouvrir la porte du salon, — où, dans la vaste embrasure d’une haute fenêtre, était assise une jeune femme, qui à son entrée se leva et vint au-devant de lui.

Ils s’étaient serré la main, s’étaient assis en face l’un de l’autre, et ils échangeaient, en balbutiant, des phrases banales sur le voyage, la chaleur et le beau temps, qu’ils ne s’étaient encore vus qu’au travers d’un nuage. L’un et l’autre, d’avance, étaient doublement émus de cette rencontre. Comme d’autres rougissent d’être vues sous le vêtement masculin, Aline était confuse de ce vêtement de femme, sous lequel Paul la voyait pour la première fois ; elle savait bien qu’il la rendait plus belle.

Sans doute la femme a non-seulement une autre beauté, mais plus de beauté que l’homme. Toutefois, l’opinion générale, très-affirmative sur ce point, ne tient pas compte en ceci de ce que l’art ajoute à la nature. Idolâtre de la beauté féminine, l’homme lui a cédé tout ce qui la peut rehausser : grâce des formes, éclat et variété des parures ; et l’on peut remarquer dans le travestissement en femme d’un adolescent l’effet de tels avantages.

À force de simplicité, la toilette d’Aline était sé-