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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/317

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Des travailleurs passent, la bêche ou le râteau sur l’épaule, et de petits enfants se montrent, poussins dont la cage ne saurait être bien loin… Alors, au bout d’un champ, vous rencontrez, végétation étrange, une cheminée qui perce le sol. On entend par là des voix monter. Sont-ce des lutins, des gnomes, génies d’un foyer souterrain ? — Arrêtez !

Ces sureaux, ces églantiers et ces chèvre-feuilles, enroulés en demi-cercle, bordent une chute de trente ou quarante pieds, et nous irions visiter les gnomes par un trop dangereux chemin. Suivons cette pente rapide. La ferme que vous cherchiez vainement est là, au fond d’une cour creusée devant la maison, creusée elle-même dans la pierre, ainsi que toutes ses étables et dépendances. Portes et fenêtres ont été pratiquées dans la façade par le ciseau, et malgré tout ne suffisent pas à éclairer les profondeurs de ce logement obscur. Le paysan angevin serait-il l’homme des cavernes primitives ? Non ; mais ici comme partout le travailleur est pauvre et ne produit pas pour lui. Cette habitation est la carrière d’où l’on a retiré les matériaux de l’habitation plus heureuse qui doit s’étaler en plein soleil ; celui qui l’a creusée ne la possède pas même ; ces trous se louent, et le capital, lierre aux innombrables rameaux qui enlace le monde, plonge ses racines jusque là.

Le soir, quand on erre dans les chemins qui montent et descendent, au gré des inflexions du sol, on voit au fond de ces entonnoirs briller des lumières, et l’aboiement d’un chien, le beuglement d’une vache, s’élèvent de la souterraine demeure.

Mai suspendait aux buissons toutes ses guirlan-