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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/325

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— Je suis humble, tu le vois.

— Trop ! mille fois trop !… ramasser à terre des fleurs tombées… toi qui possèdes tout mon cœur !… Du rôle d’ami, descendre à celui d’esclave ! Ah ! si tu comprenais combien ces servilités…

— Pardonne-moi, dit-il, j’ai besoin de t’adorer.

— Et moi, reprit-elle vivement, j’ai besoin de ne pas être adorée !… »

Elle avait fait quelques pas rapides. Il resta en arrière, jusqu’au moment où il la vit baisser la tête avec accablement et porter la main à son front. Il courut à elle alors, lui prit la main : elle pleurait, et pencha la tête sur l’épaule de Paolo.

« Ah ! s’écria-t-il d’un ton amer, tu as raison. Être heureux comme nous pourrions l’être, ce ne serait pas humain. Il faut bien nous faire souffrir.

— Peut-être ai-je tort, dit-elle, mais tout ce qui, de près ou de loin, rappelle… J’ai ressenti la honte et le dégoût de ces faux respects dont l’homme nous accable et nous joue. J’ai vu que tant d’honneurs n’étaient que des ruses pour nous soumettre ; qu’on ne nous mettait à part que pour nous limiter mieux, et toute ma fierté est devenue de la haine contre ces choses. L’estime réciproque de deux êtres qui se connaissent bien… Qu’est-il de plus haut ?

— Rien, répondit-il, que l’amour. »

Ils continuèrent de marcher en silence, puis elle dit, en pressant le bras de son ami :

« Tâchons de nous comprendre. Je ne suis ni dure ni fantasque, et je t’aime uniquement. Je tends à notre accord avec la même ardeur, la même volonté que toi. Seulement… élevés, hélas ! en des milieux différents, nous avons à nous composer des