Aller au contenu

Page:Leo - Aline-Ali.djvu/334

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tés ! Aimer un tel homme ! sanctionner un tel abandon, Ah ! si tu savais quelle rougeur me monte au visage, quelle honte me saisit le cœur, de les voir, elles, premières victimes de ces trahisons, les absoudre ; flétrir la femme trahie, rejeter l’enfant abandonné ; se faire, par une lâcheté aussi insensée que honteuse, valets de leurs propres bourreaux !…

— Eh ! dit-il, c’est le même préjugé qu’elles partagent, voilà tout, plus aveugles que coupables. Le monde n’est point encore né à cette religion de l’amour que tu portes, chère prêtresse, en ton sein. Tu oublies qu’on ne peut demander la fierté ni la justice à l’être nourri dans l’esclavage. Tout despotisme a toujours eu pour premiers soutiens ses propres victimes. »

Il lui prit les mains avec émotion.

« Ne l’accuse pas trop, va ; malgré l’injustice et l’aveuglement de cette pauvre fille, il y a quelque chose qui me touche en elle, moi, profondément : c’est qu’elle veut aimer à tout prix, c’est qu’elle sent bien qu’une vie sans amour n’est pas la vie, et qu’elle consent à se perdre, et même à être coupable, plutôt que d’achever sa vie sans avoir aimé ! »

Les yeux de Paul brillaient de larmes ; Aline serra fortement le bras de son ami. Ils allèrent s’asseoir à quelque distance, et, comme autrefois, appuyant sa tête sur l’épaule de Paul, elle se mit à pleurer abondamment.

« Hélas ! dit-elle, pourquoi souffré-je ainsi, moi, tandis que tant d’autres… Oui, ces choses me déchirent et m’épouvantent ! Le mal involontaire, les fléaux qui nous déciment, sont peu de chose à mes yeux, en comparaison de ces sacriléges… de ces vio-