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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/335

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lations de la nature, de l’humanité, par l’homme !… Ah ! je t’adore ainsi, dit-il, et cependant… n’immole pas ton Dieu sur son propre autel ! ne sacrifie pas au culte de l’amour l’amour même ! »

Elle rougit, s’efforça de se calmer, et, reprenant sa marche au bras de Paul dans l’allée, elle s’efforça d’égayer le front triste de son amant ; elle remarquait le geai qui passait avec son aile bleue, le rosier sauvage qui s’entrelaçait aux charmilles, l’insecte qui bourdonnait autour d’eux. Il faisait une chaleur étouffante depuis quelques jours, et Mlle de Maurignan avait dû modifier la sévérité première de son costume ; elle portait une robe blanche et bleue, flottante, retenue à la taille par une ceinture à longs bouts, et dont les manches, entr’ouvertes, laissaient voir les rondeurs de l’avant-bras. Elle avait oublié son chapeau dans le jardin, et le soleil, qui, par les jours du feuillage, dardait sur ses cheveux bruns, en faisait jaillir des reflets dorés. Ses pieds n’étaient chaussés que de fines pantoufles de cuir brun, avec lesquelles elle glissait sur la mousse des allées, entre les rayons, comme une fée des bois, les joues empourprées, un sourire un peu indécis aux lèvres, et dans les yeux ces feux voilés qui succèdent aux larmes. Paul, qui tout en marchant la contemplait, s’enivrait d’elle en silence.

Ils allèrent ainsi jusqu’au bout du parc, vers la Loire. De ce côté, les murs s’affaissaient en brèches, couvertes de lierre, qu’Aline défendait de relever, parce qu’à ces murs éboulés se rattachaient mille souvenirs de ses escapades et jeux d’enfant, et que par là on découvrait le paysage et le fleuve. Animée, légère, Aline, prenant sa course, monta par une de