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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/354

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— C’est vrai, dit-elle ; et cependant l’absence de toute loi…

— Attends. Ce qu’on nomme le mariage libre t’effraye ? Tu as raison. Le mariage est trop grand pour que la liberté même le puisse contenir tout entier. Il appartient à la conscience humaine dans ce qu’elle a de plus haut et de plus universel ; il appartient à la société par l’enfant, et il est bon, il est juste, il est vrai, qu’un tel acte s’appuie sur le témoignage d’autres consciences, qu’il tienne dans une communion, si restreinte soit-elle, son rôle naturel de dogme social.

« Eh bien ! si la conscience générale à cet endroit est encore obtuse et muette, pourquoi ne pas s’adresser à ceux dont le sentiment et la foi sont pareils aux nôtres, et, les prenant pour témoins, pour société, pour patrie, inscrire, édifier en eux son serment, recevoir les leurs, créer ainsi dans ce groupe le point d’appui dont toute créature humaine, si forte et supérieure soit-elle, a besoin ?

« Je crois comme toi fermement à l’indissolubilité naturelle du mariage par le nœud vivant et indénouable de l’enfant. Je crois à la liberté, à l’égalité, sans fausses réserves ni distorsions ingénieuses. Laissant l’athéisme en morale aux défenseurs des religions, je crois de toute ma raison, de tout mon cœur, à l’unité du vrai, au mariage secret du bonheur et de la vertu ; je crois à l’accord des volontés, à la durée des sentiments, et ces forces humaines, ces vérités saintes, je nie la possibilité de leur existence entre l’esclave et le maître, entre l’inférieur et le supérieur !

« Je crois à la puissance féconde, éternelle, créa-