Page:Leo - Aline-Ali.djvu/36

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« À condition que vous ne passerez pas toute la nuit en conversations.

— Je vous le promets, répondit Suzanne. Je vais faire préparer pour Aline la chambre à côté de la mienne et l’y enverrai bientôt.

— Alors, je viendrai vous chercher demain toutes les deux, et nous ferons une excursion à la campagne. Au revoir, mes enfants. »

Il sortit.

Il était onze heures environ. Mme de Chabreuil sonna, donna des ordres, fit ranimer le feu et s’assit, avec sa sœur, près du foyer. Enfoncée dans sa bergère, le front sur sa main, elle gardait le silence et semblait plongée dans une rêverie profonde.

Une question, retenue par un pudique embarras, errait sur les lèvres de la jeune fille et animait ses regards. Se glissant enfin hors de son fauteuil, elle se laissa tomber sur le tabouret, aux pieds de sa sœur, et lui prenant les mains, d’une voix douce et timide :

« Tu souffres de quelque grand malheur, dit-elle ; je le sens. Ne puis-je t’aider ?

— Non, » répondit Suzanne.

Ce « non » était si décisif qu’il glaça le cœur d’Aline.

« Mais, reprit la jeune femme, j’hésite si je ne dois pas t’aider, moi, en t’éclairant »

Aline fixa sur sa sœur des yeux étonnés, interrogateurs

« J’hésite et c’est folie… Tombée dans le piége avant toi, ne dois-je pas t’avertir… C’est un mot d’ordre universel que se passent les siècles, que de