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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/361

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firmer une volonté qui changeait toute leur destinée… Mais il fuyait !…

Aline courut à sa chambre, revêtit à la hâte son amazone et descendit aux écuries. Les deux chevaux de selle s’y trouvaient : Paul était parti à pied. Aline sella elle-même Brillant, le plus doux, qui léchait ses mains, le conduisit dehors, sauta en selle… et sur le point de le lancer, incertaine, s’arrêta. De quel côté ?… Saumur ?… Angers ?… Suivait-il un chemin ? Errait-il sans but ? Dans le crépuscule de cette nuit, comment le voir ? Où l’atteindre ? Tout d’abord, la force dominatrice, qui, dans les moments suprêmes, saisit le commandement et impose silence aux passions, avait en elle comme suspendu la douleur ; mais, cette force arrêtée, la douleur fit irruption et lui remplit l’âme à flots. Rendant les rênes, la tête penchée sur son sein, elle laissa Brillant prendre de lui-même, à petits pas, le chemin qu’il voulut suivre.

Eh quoi ! de deux êtres si ardemment tendus l’un vers l’autre, d’un tel courant d’amour, de douleur, de pensée constante, aucune étincelle ne jaillira ? Ce lien qui les unit, si réel, si vivant, si indissoluble, quoique invisible, ne devrait-il pas les attirer l’un vers l’autre dans l’espace ?

Du fond du cœur, elle jeta un appel, un-cri, puis écouta… Mais le doute, hélas ! en elle écoutait aussi. Elle n’entendit qu’une réponse timide, indécise, que d’autres vinrent contredire : ce n’étaient évidemment que les hôtes habituels de son propre esprit, au lieu de la chère inspiration invoquée. Dans l’âme humaine, comme ces belles plantes des jardins qui ne souffrent point autour d’elle les plantes