Page:Leo - Aline-Ali.djvu/360

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Il n’y avait pas de lumière ; un silence complet régnait ; Aline poussa tout à fait la porte, entra, et la renferma derrière elle.

« Paul », dit-elle d’une voix faible et douce.

Mais il ne répondit pas. Le cœur saisi d’une terreur vague, Aline chercha sur la table à tâtons, trouva des allumettes, éclaira la chambre. Paul n’y était point, et ce qui la terrifia davantage au premier coup d’œil fut le désordre d’objets comme pour un départ… Elle vit une lettre et faillit s’évanouir. Mais cette lettre indiquait sans doute le moyen de le rejoindre : elle s’en saisit.


« J’ai pu rassembler enfin mes pensées, chère bien-aimée, et j’ai tout compris. Je te demandais l’impossible ; ta volonté me l’accordait ; mais quelque chose de plus fort que ta volonté me condamne. Je ne t’accuse pas ; tout brisé que je suis, je t’adore et te bénis. Mais je serais un lâche de t’imposer de nouveau ce triste amour que tu ne peux partager, et de forcer ton front pur à rougir en me revoyant. Je pars. Où je vais, je n’en sais rien. Je m’abandonne à cette fatalité qui me chasse d’auprès de toi. Ne t’afflige pas trop. Quoi qu’il arrive, nous nous reverrons. Vivant ou mort, entre nous, toute séparation ne peut être que factice et passagère.

« À toi de tout mon être.

« PAUL. »

Ce pas entendu était celui du départ ! Combien y avait-il de cela ? — Une demi-heure peut-être ?… elle ne savait : le temps que mit à se produire et à s’af-