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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/372

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bouleverse ma résolution, me fond le cœur et me rend faible. Parfois je m’accuse amèrement, car je sens bien qu’en courant ainsi à la mort, c’est la douleur que j’ai fuie.. Si notre amour eût pu être heureux, c’est de ma vie, de ma force et de ma joie, que j’eusse cherché à faire une bénédiction, un flambeau pour les autres hommes… Aline ! Mais, ne pouvant vivre près de toi, que puis-je mieux faire que rendre ma mort utile à la liberté ?

« Ah !… mais te laisser ainsi !… Ne t’ai-je connue que pour livrer ta vie à la douleur ? Voilà ce qui me torture et me désespère.

« Non, je ne sais pas être héroïque ; je n’aurais pas dû te quitter. Avais-je le droit de t’enlever ton ami, ton frère, celui, chère et divine généreuse, auquel tu as consacré toutes les pensées, toute la passion de ton cœur… Ah ! je n’étais digne en aucune manière de toi ! J’ai fui sous l’empire d’un trouble invincible, terrifié par cette pensée que, possédant de toi toute ton âme et ton dévouement le plus absolu, je n’aurais jamais ton amour. Jusque-là, j’espérais toujours un pardon, — hélas ! accordé, mais sans oubli. — Je voulais te fléchir, quand il ne s’agissait point de ta volonté, mais d’impressions aussi ineffaçables qu’involontaires. Chère et chaste adorée, pardonne-moi ce que je t’ai fait souffrir, depuis ces odieuses et tristes amours de Florence jusqu’à mes importunes prières…

« Tu l’as bien dit : c’est un partage insensé, fatal, que celui du corps et de l’âme. Il crée d’un côté l’abjection, de l’autre le dédain des lois naturelles, et, partant, des deux parts, déviation, désordre, inéquilibre. D’actions en réactions, d’excès en excès,