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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/373

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où s’arrêtera ce jeu terrible ? Ah ! le simple ! le vrai ! le pur ! que n’y suis-je né près de toi ! T’enveloppant de mes bras, je t’eusse dérobé la vue des hontes de cette vie, ou plutôt nous les eussions ensemble ignorées… Mais, Aline, écoute, et crois fermement à ces paroles, sans doute les dernières que t’adressera ton ami : ce que tu n’as pu comprendre, dans le mépris général, aveugle, où t’a jetée le spectacle de nos dépravations, c’est à quel point l’amour que j’osais avoir pour toi différait des erreurs passées. Et comment, ô chère âme ! n’en serait-il pas ainsi ? L’effet n’est-il pas en rapport avec la cause ? Peux-tu comparer… Non, cette comparaison seule est un sacrilége ! Ah ! tu ne sauras jamais quelle adoration !… Ma vie tout entière près de toi, dans une liberté complète, n’eût pu en épuiser l’expression… et tu l’as toujours, hélas ! retenue…

« Ne pouvoir avec toi recommencer la vie ! Séparés ! pour longtemps au moins !… Ah ! je te le jure, si les plus vives puissances de ce monde, la volonté, le désir, l’amour, sont des forces vraies, éternelles ; si elles participent aux priviléges des plus humbles choses, et, comme le grain de sable et l’atome aérien, se perpétuent en se transformant, je ne serai jamais loin de toi, et notre amour, attraction suprême de mon être le plus personnel et le plus intime, ici brisé, ailleurs se renouera.

« On m’appelle. Nous approchons de Ponza. Toute mon âme et l’éternité dans ce dernier mot : Je t’aime ! »


Mort ou prisonnier, telle était désormais l’alternative.