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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/374

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Cette nuit fut indescriptible. Les regrets de l’amour désespéré, l’âpre remords, le déchirement plus cruel encore des souffrances, des tortures peut-être, subies par un être adoré… Dès l’aube, Aline chargée d’une forte somme, se rendit à la Vicaria. Elle obtint du geôlier tous les noms des prisonniers. Paolo n’y était pas.

Toute espérance, peu à peu, se retirait d’elle, comme la vie d’un mourant. Mlle de Maurignan se rendit alors au ministère ; elle acheta des huissiers une audience, parla dans toute l’éloquence de sa douleur et obtint l’arrêt qu’elle cherchait : Paolo Villano, blessé dans l’action de Sanza, fusillé après la bataille, avec d’autres prisonniers. On lui remit un portefeuille troué, des papiers tachés de sang, parmi lesquels se trouvaient une lettre d’elle, et quelques mots encore, tracés pour elle avant la bataille. Emportant ces reliques, elle traversa Naples comme un fantôme, frappant de terreur tous ceux qui la virent, pâle et sans regard, glisser devant eux. Elle se rendit au port, où elle prit une barque pour Sapri. Conduite sur la fosse commune des prisonniers de Sanza, après avoir congédié ses guides, elle s’affaissa, croyant mourir. Elle n’était qu’évanouie. On la recueillit dans une chaumière, et, après une fièvre ardente, qui dura plusieurs jours, elle se retrouva debout sur cette terre, quoique frappée à mort dans les sources les plus chères de sa vie.

Ces sauvages Calabrais la virent quelque temps errer parmi eux, aux alentours de la tombe ; puis elle partit, et son souvenir est resté dans leur mémoire comme celui d’un être surnaturel et bienfai-