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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/376

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C’est une chose qui a son prix assurément, que de disserter sur la lumière incréée, aussi bien que de discuter les mérites ou les démérites de tel ou tel personnage en vue ; il est bon de discourir sur ces discours où pendant trois ou cinq heures un orateur s’attache à démontrer combien de phrases peuvent s’agglomérer autour d’une idée ; il est utile de dévoiler certains tripotages, de signaler telles violations de la loi, et de prouver aux gens qui le savent bien que la vertu ne gouverne pas ce monde ; tout cela malheureusement n’édifie guère que des spectateurs déjà convaincus, initiés au secret de la comédie, à ceux des coulisses, et qui voient surtout l’acteur sous son rôle. Ce n’est point une sérieuse bataille ; ce n’est qu’un tournoi, offrant, il est vrai, l’avantage incontestable de faire des héros, mais éphémères. De cette agitation trop restreinte, nul mouvement sérieux ne résulte. Paris s’agite, la province le mène.

Tandis que ce Narcisse, ivre de lui-même, se raconte chaque matin sa vie du jour précédent, se contemple dans ses poses, se répète ses mots, rit de son esprit, se confie tout bas cent nouvelles de la plus haute importance, forge cent machines de guerre qui ne partent pas, imagine cent expédients infaillibles, qui ne doivent pas aboutir, crie, se démène, prêche, prédit, raille, rit, s’enflamme, se proclame par toutes ses voix la tête de l’humanité, il ne s’aperçoit pas qu’il est tout bonnement attelé, ce politique, ce penseur, ce raffiné, à la lourde charrette du paysan en sabots, qui, avec son sourire narquois, de son long aiguillon, le touche, sans plus de façon que ses bœufs. Il ne voit pas qu’au lieu de