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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/388

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l’excès du dévouement !… À l’heure où nous sommes, cent fois mieux vaudrait l’excès de la fierté !

— Ah !… l’excès ?… » balbutia Mlle de Maurignan. Une vive rougeur couvrit tout à coup son visage, puis disparut, et la laissa blanche jusqu’aux lèvres. Mlle Marti, avec une tendre et vive sollicitude, prit le bras de son amie. Je me hâtai de partir, non sans avoir reçu de M¹ de Maurignan un affectueux salut et l’invitation de revenir à quinze jours de là.

Je me dirigeai vers la place de la Concorde et montai les Champs-Élysées : c’était un beau jour d’avril ; les bourgeons gonflés des marronniers éclataient ; l’atmosphère était douce ; on traversait des courants de parfums ; l’eau de la Seine coulait, joyeuse et précipitée, et la foule des gens de loisir se pressait au bord de la chaussée, que remplissait le flot des équipages montant vers le bois. J’étais encore sous l’impression de mon entrevue avec Mlle de Maurignan, et tout en promenant mes yeux distraits sur ces cavaliers élégants, sur ces femmes à demi couchées dans leur voiture, d’un air nonchalant, et dont les longs regards épiaient en dessous l’admiration excitée par leur toilette, ou par leur beauté ; sur ces jeunes filles blondes, ou ces babies roses, sur tout ce monde, jeune ou vieux, dont, pour la plupart, la vie extérieure se résume en ce mot : luxe ; l’intérieure, en cet autre : vanité ; je rêvais à cette existence, visiblement frappée d’une immense douleur, qui n’avait plus d’autre intérêt en ce monde que l’éternel intérêt du développement humain. Vers le rond-point, éprouvant le besoin de me reposer, ou peut-être de songer plus tranquillement, je pris une chaise, et, les yeux fixés sur les élégantes surfaces