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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/55

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— Je dois le connaître. Puis-je être exposée à le traiter en ami, ou seulement en indifférent ?

— Ernest de Vilmaur.

— Ah ! s’écria la jeune fille en frémissant, un homme à qui j’ai parlé, que j’estimais !…

— Enfant ! ils sont tous ainsi ; tous ceux qui t’entourent, à qui tu souris, confiante, qui se courbent devant toi avec d’hypocrites respects et de délicates paroles… Aline, il n’en est pas un de ceux-là qui n’ait perdu plusieurs femmes…, à moins qu’il ne se soit contenté de femmes perdues. Gante bien tes petites mains, va, si tu as peur du contact de l’adultère, du débauché, du trompeur. Écarte d’eux tes sourires ; tu ne sais pas sur quelles fanges ils iraient tomber. Leur regard est une insulte, leur hommage est un mensonge, leurs serments sont des parjures ! leur âme ne renferme que la brutale férocité d’un égoïsme avide et sensuel.

— Tous ! non pas assurément, dit Aline.

— Tous ! plus ou moins. Ah ! tu crois à l’exception. C’est ce qui perd L’exception admise pour un seul… Leurre éternel de chaque femme ! L’exception est un miracle, et l’amour le fait quelquefois ; mais ce miracle n’est que passager.

— C’est dans ton malheur que tu puises l’amertume de tels jugements, dit la jeune fille. Non, tous les hommes ne sont pas semblables à ceux par lesquels tu as souffert… »

La marquise eut un fatal sourire :

« Germain Larrey, dit-elle, est un des meilleurs, je le crois. Mais ce que sont les meilleurs, le sais-tu ? »