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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/56

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Sous le regard qu’elle attachait sur Aline, celle-ci fut troublée.

« Ma sœur, j’arracherai de tes yeux tout voile, dût-il en tomber sanglant. Les meilleurs, tels que Germain Larrey, sont ceux qui n’ont eu que deux ou trois maîtresses, avant de songer au mariage ; qui, par délicatesse, au lieu de partager avec d’autres des courtisanes, ont séduit des filles pauvres, dont ils ont convenablement payé l’honneur ; qui, las de bonne heure enfin de ces plaisirs illicites, font succéder bientôt dans leurs bras à ces maîtresses une jeune héritière telle que toi, ignorante et chaste.

— Que prouvent contre lui de telles généralités ? dit Aline avec un trouble où l’irritation perçait.

— Le secret a été bien gardé vis-à-vis de toi, reprit Mme de Chabreuil, ou tu t’es refusée à le pénétrer ; car la plupart des jeunes filles qui se marient n’ont aucun doute à l’égard des faits que je te révèle, et s’en accommodent admirablement. Eh bien ! je t’ai promis toute la vérité, la voici : j’ignore la conduite antérieure de M. Larrey, mais il était l’amant de Mme de Rennberg il y a trois mois à peine ; il a brisé ce lien pour t’épouser, et c’est de son abandon que date l’incurable mélancolie de la comtesse.

— Lui ! Germain ! » cria la jeune fille en se levant.

Elle joignit les mains, jetant autour d’elle des yeux éperdus.

« C’est impossible ! Non, Suzanne ! on t’a trompée. Ah ! pourquoi le calomnier ainsi ?

— Mon enfant, c’est un de ces faits devenus pu-