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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/61

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l’érotisme grec, rien de plus. La femme, c’est la beauté ; l’amour, c’est le plaisir. Les qualités de l’épouse, celles des sujets en tout lieu, sont le silence, le travail et la modestie. Depuis qu’un sauvage, se voyant le plus fort, chargea de son fardeau les épaules de sa compagne, il en est ainsi, et l’habitude continue la force, de toutes parts détrônée.

« Te croirais-tu donc le pouvoir, Aline, de changer d’un mot, fût-il celui même de la justice, un système vivant dans les êtres depuis un nombre inconnu de milliers de siècles ? Non, quel que soit l’homme que tu aimes, tu trouveras en lui un égoïste, c’est-à-dire un despote, qui acceptera ton dévouement comme un hommage-lige, et partira du même sentiment pour s’affranchir envers toi de tout devoir. Ne sais-tu pas cette monstrueuse coutume acceptée que le mensonge est permis vis-à-vis des femmes, que les serments n’engagent point, faits à elles, que leur déshonneur est la gloire de leurs séducteurs ? Ouvre donc les yeux devant cette preuve éclatante. Nous sommes hors la loi de justice ; nous sommes une proie de chasse, et l’homme est notre ennemi.

« C’est ainsi que le traitent ces femmes clairvoyantes, qui à leur tour le trompent et le dévorent. Celles-là seulement sont fortes, mais à sa manière, et ne valent pas mieux.

« Ennemi, soit ! mais il existe, même dans la guerre, un droit des gens, quelque honneur. Et cependant, non content de nous opprimer au nom de sa force, l’homme nous attaque surtout par la trahison. Rampant à nos pieds tant que nous sommes libres, il attend pour nous frapper et nous insulter que