Page:Leo - Aline-Ali.djvu/65

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accent particulier d’innocence et de pureté donnait un grand charme, elle fit à sa sœur le tableau d’une vie cachée, dans quelque chalet suisse, ou en Italie, avec l’enfant, dont l’avenir deviendrait celui de sa mère.

Mme de Chabreuil, un sceptique sourire aux lèvres, les yeux desséchés, le visage ardent, écoutait ce rêve sans y prendre part. Le seul doux sentiment qu’il y eût en elle se montrait dans l’attendrissement de son regard, attaché sur sa sœur, qu’elle tenait toujours embrassée.

« Il te restera sans doute d’amers regrets, dit Aline en terminant, mais ta vie, du moins, aura un but, et relativement sera calme. Je te porterai des nouvelles… N’avais-tu pas accepté déjà d’abandonner Gaëtan ? »

Une larme qui brûla le front d’Aline fut la réponse de la marquise à ce mot. Elle répéta, en caressant du bout de ses doigts les bandeaux de la jeune fille :

« Comme je t’ai fatiguée, ma pauvre enfant !

— Je te quitte, puisque tu le veux, répondit Aline ; mais dis-moi que tu acceptes les offres de mon amitié.

— Je les accepte, oui, chère fille, et les garde au cœur. Nous verrons… plus tard. Sois bénie ! et, s’il est possible, repose-toi. »

Suzanne enlaça en même temps sa jeune sœur d’une étreinte ardente, longue, comme éternelle, par la profondeur du sentiment qu’elle y épancha. Et tandis qu’Aline traversait la chambre, et jusqu’au moment où la porte se referma sur elle, Mme de Chabreuil, immobile à sa place, la suivit des yeux.