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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/80

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— Oui, répondit-elle.

— Alors, pourquoi ce retard ? Il est cruel.

— Ne savez-vous pas qu’il y a des heures et des lieux plus favorables aux confidences ? reprit la jeune fille, en couvrant à demi son visage du magnifique bouquet apporté par Germain. — Nous irons nous promener demain, vers dix heures, dans la belle allée des hêtres, n’est-ce pas, cher père, y consentez-vous ?

— Je crois bien que je n’ai pas autre chose à faire, » dit M. de Maurignan avec un sourire.

Cependant, comme Germain, il était inquiet. Après le départ du jeune homme :

« Tu as beaucoup à dire à Germain, demanda-t-il à sa fille. Mais avant toute autre parole, un oui, je pense ?

— Ah ! père, que vous êtes curieux ! C’est vrai, j’ai mille choses sérieuses… embarrassantes… et… vous savez… une confidence ne se fait pas bien à trois.

— C’est-à-dire qu’il s’agit d’un tête-à-tête, patronné par moi, dont je suis exclu ?

— J’ai un père adorable ; il devine tout.

— Et te gâte fort. C’est égal, va, ma fille, use et abuse. Ton père est encore trop heureux ! »

— Il embrassa tendrement Aline.

« Père, y a-t-il des maris aussi bons que vous ?

— Je ne sais pas… Ah ! nous gâtons bien plus nos filles que nos femmes. Cela n’empêche que la tendresse d’un père ne suffit pas au bonheur, ne l’oublie point ; et songe aussi que la sagesse consiste à ne pas trop demander à la vie.

— Maxime arriérée, dit-elle en regardant le vieillard avec un sourire plein de malice. Les humbles