Aller au contenu

Page:Leo - Aline-Ali.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sont toujours pris au mot en ce monde. Il faut vouloir ce qui doit être. Demandez, et il vous sera donné.

— Je ne sais, en effet, qui pourrait te refuser ? » dit le père avec amour.

Et il ne poussa pas plus loin l’explication, tant par faiblesse paternelle que par un secret sentiment qui le désintéressait du mariage de sa fille plus qu’il n’eût voulu. N’ayant plus qu’elle au monde, plus que cet orgueil et que ce bonheur, bien au fond, malgré lui, il était un peu jaloux de Germain.

Le lendemain, à dix heures, dans l’allée des hêtres, le père et la fille retrouvaient M. Larrey, qui les attendait. La chaleur de juin était doucement tempérée sous ces beaux ombrages, et sur le doux tapis des mousses brunes et vertes le soleil promenait un réseau tremblant de mailles lumineuses. Animé par la marche, ou par l’émotion peut-être, le visage d’Aline empruntait, par le contraste, aux crêpes noirs qui l’entouraient, un plus vif éclat de jeunesse et de beauté, et quand elle mit dans la main du jeune homme sa petite main, dont le poignet, légèrement veiné, montrait, entre la manche de barége et le gant noir, un cercle de neige, le front de Germain, un peu soucieux, s’éclaira d’admiration et d’amour.

Il offrit le bras à Aline, qui, en l’abordant, avait quitté celui de son père. Après quelques pas en commun, tandis qu’ils remontaient l’allée, M. de Maurignan dit à Germain :

« Eh bien, puisque vous m’avez dépossédé du bras de ma fille, je vais étudier Schiller ; car je ne suis