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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/84

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je vous demande avec l’espérance intime du succès d’une telle épreuve. »

Aline avait dit tout cela rapidement, d’une voix oppressée, et sans regarder son fiancé. Après avoir achevé seulement, elle leva les yeux sur lui : l’expression des traits de Germain lui fut pénible. Évidemment, et malgré le calme qu’il affectait, la proposition qu’elle venait d’émettre le trouvait complétement hostile. Il avait surtout une expression d’ironie qui à son tour la froissa.

« Chère mademoiselle, dit-il, j’étais loin de m’attendre de votre part à de telles… inquiétudes. Quelles sont donc les révélations étranges qui vous les ont inspirées ? Seriez-vous tombée par hasard sur quelque Manuel des droits de la femme ? ou sur quelque apôtre de ces droits ? Oubliez-vous que vous êtes adorée, et que loin d’obéir vous n’avez qu’à commander ?

— Répondez-moi sérieusement, je vous en supplie, reprit-elle avec souffrance. Tout ceci est bien grave : il s’agit de tout mon avenir, et du vôtre aussi, bien qu’en apparence vos risques soient moindres. Mettez-vous à ma place, monsieur Germain, et demandez-vous si, au moment de remettre à un autre que vous-même votre destinée, votre volonté, votre vie entière, vous n’hésiteriez pas ?

— C’est une question de confiance, répondit-il froidement. Et puis, je ne suis pas une femme, et mon sexe, en effet, s’accommoderait fort mal d’une pareille abdication, mais…

— Me jugez-vous de nature esclave ? interrompit-elle avec fierté.

— Assurément non. Cependant… nos natures