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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/85

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étant différentes, nos devoirs le sont aussi. La femme n’est point née pour commander. Sa faiblesse lui rend la soumission non-seulement nécessaire, mais agréable et douce ; et croyez-moi, chère mademoiselle, de vaines questions de préséance ne sont point à leur place entre un homme plein d’amour et sa charmante fiancée.

— Questions de préséance ! répéta doucement la jeune fille. Non, ce n’est pas cela ; ce n’est point de vanité qu’il s’agit, bien que dans cette vanité dût se trouver une grande part d’orgueil légitime. Il s’agit d’être ou de ne pas être. Par le fait de son mariage, une femme ne perd-elle pas le droit de disposer à son gré de sa liberté, de sa fortune, de ses enfants, de ses amitiés même ? Quel pouvoir plus despotique et plus complet que celui qui désormais règne sur elle ? Lui est-il permis, comme il doit l’être à toute personne majeure et intelligente, d’appliquer ses idées, de suivre ses croyances, de se réaliser elle-même enfin dans sa vie ? Car, sans le passage nécessaire de la pensée à l’action, la vie n’est autre chose qu’un rêve, rêve aussi incomplet, aussi misérable que l’existence d’un prisonnier derrière ses barreaux.

— En vérité, dit Germain en se levant sous l’aiguillon d’une impatience qu’il ne put contenir plus longtemps, j’ignorais que Mlle de Maurignan eût l’imagination aussi riche ! Ce n’est pas à coup sûr l’existence d’une prisonnière que mon amour lui réserve, et j’espère bien plutôt la voir reine de tous les cercles par son élégance et par son esprit…, espérant toutefois qu’elle n’irait pas jusqu’à se faire le champion de… réclamations fâcheuses et mal portées !…