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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/94

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convaincre par un sourire, ou de triompher par une larme, elle ne cherchera jamais à persuader par un argument. Sachant deviner, elle s’inquiétera peu d’apprendre.

« La logique, en effet, n’est point le domaine des femmes ; elles s’y égarent, s’y faussent. L’intuition les éclaire, le raisonnement les perd. Toute leur force est dans leur faiblesse, toute leur énergie dans leur douceur ; leur dignité consiste dans leur souplesse, leur justice dans la grâce arbitraire, leur grandeur dans l’humilité…

— Et l’abus du contraste perd la littérature, dit M. de Maurignan, en même temps que l’abus de la littérature perd le sens commun. Je vous demanderais, mon cher Germain, où vous avez pris tout cela, si je ne savais par cœur une thèse que chacun à l’envi, en ce temps-ci, répète ; car, d’originalité, Dieu sait qu’on se garde. Grâce à la vulgarisation des lumières, on est sûr d’entendre partout même antienne, et les courants de l’opinion ont remplacé les scies d’atelier. Votre portrait de la femme, fruit de l’imagination échauffée et malsaine de vieux poëtes maniérés, a déjà fait le tour du monde. Mais ce n’est qu’un dessus d’éventail à la Boucher, qui tout au plus peindrait la femme nerveuse et futile née en serre chaude, et qui laisse toutes les autres en dehors. Malheureusement, car tout est de pose et de mode, ce portrait-là sert de modèle aux femmes assez dépourvues d’individualité et de dignité pour accepter ce rôle de sultane langoureuse, et pour se plaire à émerveiller les gens de leur sensitivité et de leur afféterie.

« Moi je suis comme ma fille, je me défie de cela.