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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/93

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Aline sentit dans cet éloge une attaque indirecte pour elle-même ; aussi répondit-elle :

« Pour moi, ce qui me déplaît en Mlle de Vilmaur, c’est l’affectation de ses manières et son caractère léger.

— C’est que véritablement, repartit en s’animant le jeune homme, vous méconnaissez le but essentiel de la femme et son caractère. Ce but est de plaire ; ce caractère est de représenter dans les choses humaines ce qui est charmant, fugitif, insaisissable, mobile et gracieux. L’homme est une face de l’être ; la femme est l’autre.

— Le revers, dit Aline.

— Votre observation, reprit Germain, est une preuve à l’appui de ma thèse. Vous êtes l’esprit, nous sommes la raison. À l’homme la pensée qui approfondit, les conceptions qui embrassent l’espace, la force qui fonde : l’homme est un créateur. À la femme cet esprit délicat et léger qui effleure les choses et découvre les rapports ingénieux, spécieux ou malins ; à elle tout ce qui étincelle, brille, séduit et charme la femme est une harmonie. Elle a pour mission de captiver les sens et le cœur de l’homme, et la profondeur de son rôle consiste dans cette légèreté même que vous blâmez, et dont Mlle de Vilmaur a compris toute l’importance — non en philosophe assurément, mais par cet instinct secret qui découvre aux femmes les lois mystérieuses de la vie, d’autant plus sûrement qu’elles sont moins doctes.

« Elle sait tout le prix d’un nœud de ruban, d’une boucle de cheveux arrangée de telle ou telle sorte, d’une garniture, d’un mouvement des yeux, d’un rien, qui est tout. Elle est femme enfin : bien sûre de