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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/96

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même échappe à des classifications précises, et vous voulez emprisonner dans une boîte, en dépit de Prométhée, deux mille ans après Térence, un être humain progressif !

— Progressif… sans doute, répondit Germain en hésitant ; mais non de la même manière que l’homme…

— Allons donc ! reprit M. de Maurignan, y a-t-il deux manières d’atteindre le vrai ? La géométrie ne trace pas de lignes dans ces espaces. Avouez-vous battu en galant chevalier.

— Si la galanterie l’exige, dit le jeune homme, je m’empresserai d’y consentir. »

Mais sa mauvaise humeur était évidente.

Bien que M. de Maurignan se fût hâté de jeter l’entretien sur d’autres sujets, il ne se releva guère, et Aline ayant témoigné le désir de rentrer, M. Larrey les reconduisit à la porte de leur hôtel, où il les quitta.

« Sur quelle herbe de controverse avez-vous marché tous deux aujourd’hui ? demanda M. de Maurignan à sa fille quand ils furent seuls.

— Cher père, il vaut mieux discuter avant qu’après, » répondit Aline.

Et, donnant au vieillard un rapide baiser, elle courut se renfermer dans sa chambre.

Aline avait un besoin extrême de se trouver seule pour causer avec elle-même et mettre un peu d’ordre dans le chaos d’idées, de sentiments passionnés, impérieux, confus, qui s’agitaient en elle. Bien qu’elle se sentît le cœur gros de larmes, il lui venait des pensées qui appelaient sur ses lèvres un sourire ironique, moqueur. Tantôt, elle en voulait beaucoup