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Page:Leo - Aline-Ali.djvu/97

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à Germain, tantôt elle le plaignait, et cette pitié était mille fois moins tendre que sa colère.

Il y avait dans sa peine autant d’irritation que de chagrin elle se voyait amoindrie par celui qui prétendait l’aimer, elle se sentait humiliée plus encore dans son amour même ; car il lui avait semblé voir un sot, par moments, dans ce fiancé plein d’esprit, pourtant, d’instruction et de mérite.

« La vanité seule, se dit-elle, a le secret de pareilles métamorphoses. »

Elle se demanda tout à coup :

« Et moi, n’est-ce pas aussi la vanité qui me fait souffrir ?

« Non, non ! ce n’est pas un sentiment vain et puéril la résistance de l’être à son propre amoindrissement. Là se trouve la source de tout ce qui est grand dans l’âme humaine. Qui peut consentir à sa propre déchéance, qui dépose la fierté, dépose la vertu. Vertu-force ! L’antiquité disait bien… »

Comme elle était accoudée sur la cheminée, près de la glace, elle y vit, en levant les yeux, son beau front, d’où l’intelligence et la pureté émanaient en auréole.

« Moi, fille de l’humanité, se dit-elle, descendre d’un degré l’échelle des êtres ! Accepter pour loi vivante un être né du même sein que moi ! Renoncer à mon éternel héritage, l’immense et l’émouvant infini, qui m’attire ? Souffler sur la flamme qui brûle en moi !… Ô mon pauvre fiancé, vous mettez à votre amour un prix trop grand ! — Et qu’il est étrange cet amour qui découronne l’être, son objet ! »

De nouveau elle fixa les yeux sur elle-même :

« Moi, fragile ! faible ! se dit-elle en souriant.