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FEUILLETON
DU PHARE DE LA LOIRE DU 12 MAI.
======= N° 11 ======
ATTENDRE-ESPÉRER

IV
(Suite).

D’un humble rameau tout à l’heure dans l’ombre, le soleil fait un chef-d’œuvre de splendeur ; comme de la scène la plus simple, de l’action la plus commune, la jeunesse fait un gracieux tableau, l’amour un poëme.

Un genou en terre et la tête penchée, afin de mieux voir, sous les plis du voile et sous les ailes du large chapeau, le charmant visage de celle qu’il aimait, Émile restait plongé dans une adoration muette, mais pleine de pensées.

Autour d’eux régnait le silence des chaudes heures du jour ; l’enfant elle-même, alanguie, allait et venait sans bruit ; des papillons bruns ou pourprés passaient ; quelques mouches bourdonnaient en se posant sur les feuilles lustrées de l’aubépine ; les mouches aux tons chauds et les herbes s’affaissaient mollement sous le poids de la jeune femme, et au-dessus de sa tête l’air bleu, lumineux, tremblait en la caressant.

Mme de Carzet ne retrouvait plus la première ordonnance de son bouquet