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Page:Leo - Attendre - Esperer.djvu/107

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et créait sans cesse de nouvelles combinaisons, que, mécontente, elle détruisait aussitôt. Ses lèvres entr’ouvertes par un vague sourire, laissaient échapper un souffle précipité, inégal ; ses joues étaient vives, et ses yeux cherchaient vainement à cacher leurs feux sous l’ombre de leurs cils et de leurs paupières. Elle disait ça et là quelques mots, auxquels Émile ne répondait que par des monosyllabes. Enfin, les mains de la jeune femme retombèrent oisives sur ses genoux.

— Je ne sais ce que j’ai, dit-elle, mais je ne parviens à rien de joli.

— Pardon, murmura Émile.

— Vous trouvez ? non. Mais aussi vous ne dites rien. Conseillez-moi.

Elle reprit quelques feuilles ; il en choisit d’autres sur sa robe et les lui présentait à mesure, et elle les plaçait ainsi. Je crois qu’il n’y songeait guère, et pourtant le bouquet se trouva charmant.

— À la bonne heure, dit-elle, vous réussissez à tout, monsieur.

— Ah ! dit-il, s’il était vrai !

— Qu’ambitionnez-vous donc demanda Mme de Carzet.

Mais à peine eut-elle dit ces mots que, sans attendre une réponse, elle se leva, comme saisie d’une frayeur subite. Émile n’était pas moins ému.

— Marthe ! appela d’une voix altérée la jeune mère.

Des jappements se firent entendre dans le chemin, derrière la haie, et furent suivis d’aigres exclamations : « À bas ! vilaine bête ! à bas ! oh ! l’horrible chien ! » N’était-ce pas la voix de Mlle Chaussat ? Par une ouver-