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Page:Leo - Attendre - Esperer.djvu/55

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rosées qui illuminaient ce charmant visage, Émile ne put répondre. Le baron s’en chargea ; son ardeur ne le cédait guère à celle de sa fille. Il bâtit en un instant les plans les plus vastes. On vint à bout de préciser cependant. Il fut convenu qu’hommes et femmes, garçons et filles, seraient également convoqués. La femme de chambre de Mme de Carzet, personne intelligente et sérieuse, apprendrait à lire aux plus ignorants et enseignerait la couture aux jeunes filles. Le docteur ferait un cours d’hygiène, d’anatomie et de zoologie. Le baron enseignerait la physique, la botanique et l’économie agricole, — qu’il se hâterait d’apprendre. Mme de Carzet prenait à sa charge l’histoire, la géographie et la poésie, en y joignant, au cours des lectures, un peu de morale. Programme large, mais où chacun des professeurs entendait se mettre complètement à la portée de son auditoire, en ne lui parlant que de choses visibles, tangibles, ou susceptibles du moins de l’intéresser par leurs rapports avec ses propres besoins, ses intérêts et ses sentiments.

Les heures s’étaient écoulées dans cet entretien si animé, dont les interlocuteurs, après s’être abordés en étrangers, se trouvaient unis tout à coup par le lien le plus fort de tous, peut-être, une œuvre commune, inspirée par l’enthousiasme du devoir. Désormais, ils étaient amis. Une même émotion donnait à leur parole des accents affectueux, confiants. Avant de se séparer, on se promena dans les jardins des Planettes : c’était le nom