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Page:Leo - Attendre - Esperer.djvu/56

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du domaine d’Émile Keraudet. Pendant cette promenade, M. de Beaudroit s’était emparé du jeune docteur, tandis qu’à l’encontre des prévisions de la bonne dame Keraudet, une conversation doucement animée s’établissait entre les deux femmes. Mme de Carzet, désirant s’instruire des détails de la vie rurale, écoutait avec intérêt tout ce que la mère d’Émile racontait avec complaisance de ses expériences, de ses procédés, et, en Parisienne dont la délicatesse n’était pas sans révolte à l’égard de la malpropreté proverbiale des fermes bretonnes, elle exprimait son admiration de l’ordre qui régnait aux Planettes. Cette maison de campagne, en effet, à demi ferme, à demi logis de maître, offrait avec des airs rustiques un confortable charmant. Le pittoresque, sans prétention, régnait au jardin, où l’on avait laissé la nature donner ses ordres, tout en la secondant heureusement. Les grands carrés disparaissaient sous la plantureuse abondance des légumes et des fruits, et la poésie, sous forme de fleurs, n’y était point oubliée.

— Je n’aurais jamais cru, dit après le départ de ses hôtes Mme Keraudet, qu’une dame du grand monde pût ressembler à cela. Elle s’intéresse à tout, et l’on voit bien que ce n’est pas seulement par politesse. Au lieu de ces grands airs auxquels je m’attendais, elle était là, près de moi, comme une écolière, et vraiment il n’y a qu’à dire, elle comprend à l’instant même.

André Léo.
La suite au prochain numéro.