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Page:Leo - Grazia.djvu/112

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message lui vint, le priant d’aller trouver, sous le porche de l’église, quelqu’un qui avait à lui parler. Un peu inquiet, il s’y rendit, et fut plus inquiet encore en voyant Nieddu. Celui-ci, assis sur le banc de pierre, fit asseoir son rival à côté de lui :

— Antioco Tolugheddu, voici une belle journée !

— Très-belle, Fedele Nieddu. Tu es donc venu à Oliena ?

— J’y suis depuis ce matin, pour vous attendre, et, quoique la journée soit belle, elle a été longue pour moi.

— Ah ! vous avez affaire à moi ?

— Oui. Je suis cousin de Raimonda Nieddu, comme vous savez.

— Ah !… oui, je le sais… Et quoi ?….

— Je suis venu vous demander quand vous comptiez tenir la promesse de mariage que vous lui avez faite ?

— Moi ! une promesse de mariage !… Ah ! par exemple !… votre cousine a mal compris. Je lui ai dit qu’elle était jolie, voilà tout !… et cela est permis en dansant avec une jeune fille, il me semble. Vous qui faites des vers, Nieddu, vous savez bien que ces choses-là ne tirent pas à conséquence.

— Je sais que les séducteurs de filles sont toujours des lâches, Antonio Tolugheddu !

— Je n’ai pas séduit Raimonda !

— Vous l’avez essayé du moins. Je sais tout. Vous lui avez promis le mariage dans la tanca des Grosses pierres, la nuit ; vous lui avez dit, ce qui n’est pas vrai sans doute, que vous en aviez parlé à votre père et que vous travailliez à obtenir son consentement. Vous avez compromis l’honneur de Raimonda Nieddu ; car on a surpris vos rendez-vous. Il faut réparer votre faute vis-à-vis de cette jeune fille et de sa famille, Antioco Tolugheddu.

— Mon père n’y consent pas.

— Il fallait demander le consentement de votre père avant de vous engager vis-à-vis de Raimonda.

— Peut-être ; mais vous prenez tout ceci