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Page:Leo - Grazia.djvu/113

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trop haut, Fedele Nieddu ; je n’ai point mis le pied dans la maison de cette jeune fille, je ne l’ai point fréquentée publiquement ; il n’y a point eu de fiançailles entre nous ; par conséquent, je n’ai pas manqué à ma parole.

— N’y a-t-il de sacrées que les paroles dites devant témoins, Antioco ?

— Au moins n’y a-t-il que celles-là qu’on soit obligé de tenir, Nieddu.

— Je te l’ai déjà dit, Antioco Tolugheddu, tu es un lâche ! et tu parles comme les gens sans honneur.

— Vas-tu finir de m’insulter ? mauvais rimailleur ! Si tu crois que j’ai le temps d’écouter tes sottises… Non ! non ! cesse de te monter la tête : le fils de mon père n’épousera pas une Nieddu. Il faut que tu sois fou pour y avoir seulement pensé.

— Alors je t’apprendrai que les Nieddu sont plus forts et plus respectables que toi ; car ils ne manquent pas à leur parole et ne laissent jamais une injure impunie. Antioco, tu as attaqué l’honneur d’une femme de ma famille : tu l’épouseras ou tu mourras !… Et maintenant, je vais parler à ton père.

— Tu ne me fais pas peur, va, tout Noir [1]que tu es et parent du diable. Et c’est moi qui t’apprendrai ce que tu dois savoir.

Malgré ces bravades, Antioco était resté pâle et terrifié sur la pierre où il était assis, tandis que son adversaire se dirigeait vers la maison des Toluglieddu.

Là, en causant avec Basilio, Nieddu s’était assuré que jamais Antioco n’avait parlé à son père de Raimonda.

Le vieillard avait blâmé son fils ; mais, rejetant vivement l’idée d’une telle alliance, il avait ajouté qu’il venait, le jour même, de s’engager avec de Ribas. Effrayé toutefois de l’attitude menaçante de Nieddu, Basilio offrit de l’argent. Nieddu haussa les épaules.

— Tu crois, Basilio, que l’honneur se paye ?

Et, souriant avec mépris, il partit.

  1. Nieddu signifie noir.