Page:Leo - Grazia.djvu/123

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« — Ce qui est convenu, est convenu, dit-il, quand je fais l’aumône, je la fais ; mais pour la faire, il me faut mon dû. Payez-moi, ou je fais vendre. » Et il le fait comme il le dit ! Ce n’est pas qu’il n’ait le cœur tendre ; ah ! oui dà ! Mais il faut que ce soit une femme. Si elle est jolie et… pas trop farouche, oh ! alors…

— Voilà des commérages ! lui dis-je ; êtes-vous bien sûr de cela ? Effisio ne m’en a rien dit.

— Eh ! signor, c’est qu’il n’y a pas pensé, ou bien que la chose ne lui a pas paru valoir la peine d’être dite ! C’est pourtant comme ça. Mais ne croyez pas qu’il soit le seul.

Et Cabizudu se mit à parcourir tous les environs, me disant ceci du curé de tel village, cela de tel autre, et enfin revenant à celui de X…, et se penchant à mon oreille :

— La moitié des enfants du village !… Oui, monsieur, à ce qu’on assure. Aussi dit-on qu’il devrait au moins laisser son bien à la commune.

À ce qu’on assure ; mais que sait-on ?

— Enfin, si sa Seigneurie ne veut pas me croire, elle verra du moins la Nanina, une des plus belles femmes du pays, signor.

— La gouvernante ?

— Oui, excellenza. Oh ! le mari y est aussi et s’y trouve bien. La cuisine est bonne chez don Gaetano !

Ce fut avec ces connaissances dans l’esprit, que je frappai à la porte du presbytère, et le premier objet que je vis ne fut pas pour les détruire ; car cet objet c’était la Nanina elle-même, aussi belle femme que l’avait représentée Cabizudu, et qui n’ouvrit une fenêtre qu’après nous avoir laissé frapper trois fois.

— Que voulez vous ? nous demanda-t-elle, d’un air assez revêche.

— Voir M. le vicaire, parbleu ! répondit Cabizudu.

— Il est à la messe, répliqua-t-elle, en nous fermant la fenêtre au nez.

Tout l’essaim de diables que peut invo-