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Page:Leo - Grazia.djvu/142

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bêtement ! Ah ! cette Raimonda ! elle me coûte cher, et si j’avais su…

— Elle me paraît fort intéressante ; elle est belle, pleine de force et de santé. On comprend aisément qu’elle soit aimée, et vous avez eu tort de l’abandonner.

— Allons donc ! s’écria-t-il, une fille de rien, une vraie paysanne ! Je ne pouvais pas m’occuper sérieusement de cette fille-là ; elle aurait dû le comprendre.

— Elle a cru ce que vous lui disiez ; oseriez-vous le lui reprocher ? Pour moi, je crois que vous eussiez très-sagement fait d’épouser Raimonda.

— Eh bien, s’écria-t-il en colère, si c’est là le conseil que vous me donnez…

— Elle est cependant plus belle que la mort. Et elle vous aimait, tandis que, — du moins, à ce qu’on prétend, — Grazia de Ribas aime un autre que vous, et l’on assure que son père est allé jusqu’à employer la violence pour la décider à vous épouser ?

— Tout ça sont des bêtises, répondit Antioco, moitié confus, moitié irrité. Grazia est une bonne fille ; elle sera une digne et bonne épouse. Je ne pouvais pas mieux choisir. Je ne dis pas que si j’avais su… mais c’est une chose faite, et il n’y a pas à y revenir.

— Ne dites pas cela. Il y a toujours moyen pour un homme sage et prudent de revenir sur une faute commise. À votre place, j’épouserais Raimonda, et me trouverais très-orgueilleux et très-heureux d’avoir une belle femme, qui me donnerait de beaux et robustes enfants, et de vivre de mes Liens, tranquille et sans ennemis, jouissant de toutes les aises et de tous les plaisirs de la vie, au pays natal, au lieu… au lieu de perdre tout peut-être… et de ne plus jouir de rien.

Il frissonna de tous ses membres.

— Oui, dit-il en se versant une rasade d’une main qui tremblait, je vous entends bien !… Vous voulez dire : au lieu de pelotonner comme un lièvre sur un chemin et