Page:Leo - Grazia.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VIII

Je me promenais seul, le 25 juin, sur les hauteurs qui dominent la route d’Orosei, près de la maison de Ribas. J’aimais ce lieu, où pendant mon séjour chez don Antonio, j’allais souvent, et qui est, avec le mont de la vieille chapelle, un des plus beaux beaux points de vue de Nuoro. De là, on domine un horizon complet de montagnes, proches ou lointaines, vertes ou bleues, stériles ou cultivées, et l’on a devant soi l’admirable perspective de la vallée d’Oliena, par l’évasement du grand couloir que forment, d’un côté l’Ortobene, ou montagne de Nuoro, et de l’autre le haut plateau qui porte la ville. Ce côté surtout charme la vue, et la retient longtemps. L’Ortobene s’étend comme une grande muraille, tout noir de rochers, que relèvent çà et là des trainées de chênes-liéges, des touffes de lentisques, des bouquets d’olivastri ; à son flanc, court la route d’Orosei, blanche corniche à lignes brisées, qui le sépare du ravin profond, où l’œil rafraichi trouve des cultures, de la verdure, quelques arbres, et découvre parfois des travailleurs microscopiques, ou quelque bétail paissant. Là, sous vos pieds, se laisse voir un tronçon de route, qui se dérobe tout à coup et semble suspendu. À droite, la ville de Nuoro, avec la maison des Ribas au premier plan ; puis, l’église cathédrale, dédiée à la Vierge-des-Neiges, dominée de tout près par un mont rocheux, qui porte une chapelle en ruines ; plus loin, par des cimes en rondes-bosses, ou cultivées ou boisées. Au-dessus de la grande vallée, en bas, pleine de soleil, de vignes, d’oliviers, de champs, de collines, de ravins, les monts d’Oliena, hauts de 1,320 mètres, blocs immenses de granit blanc. Et de toutes parts, à l’horizon, des pics de formes diverses : les monts Cornodi-Bue (corne de bœuf), de Gonara, de Gocceano, le mont Albo, etc. Dans cette vaste étendue, on n’aperçoit, à la cime d’un mont boisé, qu’un seul village : Orune. Oliena se cache