Page:Leo - Grazia.djvu/246

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au jardin, qu’il essayerait plutôt de pénétrer dans la chambre de Grazia, si elle s’obstinait à n’en pas sortir…

Craignant quelque folie, je le suivis. Arrivés sur la hauteur qui domine la maison des Ribas, du côté de la montagne, nous vîmes qu’il y régnait de l’agitation. Il y avait de la lumière à plusieurs fenêtres, et, en approchant, nous entendîmes la voix forte de don Antonio, disant dans la cour :

— Canaglia ! canaglia ! assassino ! Il n’y a qu’une chose à faire ! je vais, moi, partir pour la montagne, et si je le rencontre, je le tue comme un chevreuil !…

— Rentrez donc, beau-père, et ne parler pas si haut ! disait du seuil la voix altérée d’Antioco.

— Bah ! je n’ai pas peur, moi ! lui répondit brutalement don Antonio, qui continua de s’emporter et se mit à débiter un chapelet d’injures contre les carabiniers, qui, suivant lui, ne faisaient pas leur métier.

Le meurtre de Peneddo jetait cette famille dans la consterna ion. C’était, en effet, an avertissement terrible pour Antioeo. Et nul cette nuit-là n’avait envie de dormir. Comme l’avait dit Grazia, le rendez-vous était impossible.


XII

— Voilà une chose étrange, signori me dit Angela, en revenant de la messe, le dimanche suivant. Vous savez comme j’étais agitée ce matin : je me demandais : Qu’est-ce qu’il va y avoir ? Eh bien, ça n’a pas manqué. C’est une chose extraordinaire et, comme il ne s’en faisait point autrefois. Mais les gens d’aujourd’hui ne respectent plus la coutume. Ah !… ce qui me fait de la peine, c’est que j’ai peur que cela ne contriste notre Effisio.

Elle disait souvent notre Effisio ; et je lui en savais gré ; car je m’étais moi-même atta-