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Page:Leo - Grazia.djvu/347

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de sa sœur et lui a dit de changer en linceul un de ses draps de noce.

— Elle pouvait dire cela. Je lui avais promis que je la vengerais.

— Et vous l’avez effectivement vengée ?

— Non, puisque d’autres m’ont prévenu.

— Ceci n’est pas soutenable. Vous persistez à prétendre que ce n’est pas vous qui avez ravagé le jardin d’Antioco, afin de l’attirer dans votre piége ?

— Ce n’est pas moi.

— Vous vous êtes fait voleur afin d’être assassin ?

Un frémissement parcourut le corps de Nieddu.

— Un président, dit-il d’une voix haute, doit penser qu’il a devant lui un prévenu et non un coupable. Vous n’avez pas le droit de m’insulter.

— Messieurs les jurés apprécieront. Ravager des fruits est un vol.

Nieddu était pâle de colère ; pourtant, il sourit.

— Ma bouche, dit-il, n’a jamais goûté aux fruits du jardin de Tolugheddu, pas plus qu’elle n’a mangé de leur pain.

— Votre bouche, peut-être ; mais votre main ?

— C’est monsieur le président qui est subtil ! Mais je ne puis convenir d’un fait dont je ne suis pas coupable.

— Ainsi vous niez d’avoir, dans la nuit du 27 octobre, tué d’un coup de feu, dans son jardin, Antioco Tolugheddu, contre lequel vous nourrissiez ouvertement, depuis près de six mois, des sentiments de vengeance ?

— Je le nie !

— Où avez-vous passé cette nuit-là ?

— Dans le covile des Cubeddu.

— Mais vous n’y êtes pas resté toute la nuit ?

— Non. Je me suis relevé à mon tour pour entretenir le feu ; puis, selon mon habitude, j’ai marché dans le pâturage. Une fois, j’ai parlé à ceux qui veillaient le troupeau.

— Et pourquoi marchiez-vous, au lieu de dormir ?