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Page:Leo - Grazia.djvu/351

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l’homme, et le souvenir du lieu où je l’avais vu ; et je m’écriai :

— Le Sirvone !…

— C’est lui, dit Effisio.

— On l’a donc pris ? comment ?…

Et plus je regardais, moins je comprenais, car il n’y avait pas là le moindre gendarme ; cet homme n’avait point de chaines, il n’était pas prisonnier !…

— Il sera venu comme témoin, me dit Effisio.

— Témoin ! un brigand !

— Un bandito, reprit Effisio plus poliment.

— Enfin, comment se peut-il… ?

— On lui aura donné un guidatico (sauf-conduit), et l’affaire aura été négociée par le moyen des pasteurs.

À ce moment le Sirvone, s’apercevant que nous le regardions, nous fit un signe de tête. Je m’approchai résolument.

— Si je m’attendais à voir quelqu’un… dis je en lui offrant un cigare.

— Ce n’était pas moi, ajouta-t-il en souriant.

— Ma foi non, et je vous avoue que cela me fait plaisir…

— Et moi donc !…

Sa bouche s’ouvrit sous un large rire, et ses yeux s’humectèrent. Cet homme nageait dans un bain de joie. Il voulait sans doute me dire :

— Je suis là, près d’Antonietta, et j’ai vu mon fils…

Mais il ne put : l’émotion le prit à la gorge, et après un moment de silence, il ajouta seulement en souriant, qu’il avait pour quinze jours le guidatico… qu’il avait réappris de coucher dans un lit… qu’on le payait par jour, comme les autres témoins, 1 franc 50 centimes, et…, qu’il vivait dans sa famille. Tout cela ensemble, confusément.

— Eh bien, dis-je en le quittant, nous nous reverrons, puisque vous avez quinze jours.

— Oh ! reprit-il en soupirant, il faudra que je parte deux jours avant, pour dérouter les carabiniers.