Aller au contenu

Page:Leo - Grazia.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Me penchant dehors, comme ils dépassaient la fenêtre, je vis aux pieds du cheval des sortes de boules, qui me firent croire qu’il avait les pieds emmaillotés. Que voulait dire cela ? Ils tournèrent le coin de la rue, du côté où se trouvait la maison de Murgia, et je n’entendis plus rien.

J’allai me recoucher, et, quand je m’éveillai de nouveau, le soleil inondait la terre. Il était plus de sept heures. Effisio n’était pas encore de retour.

Cela ne m’étonna pas. Il y a cinq heures de chemin de Nuoro à Silanus, et, bien que la hâte de mon ami les eût sans doute abrégées, toutefois l’oncle avait pu vouloir au moins attendre l’aube pour partir ; un vieillard n’est pas un amoureux. Pourvu qu’ils fussent chez de Ribas avant midi, il n’était pas probable que Tolugheddu, ne se doutant de rien, mit tant de promptitude à faire sa demande, si même il la faisait dès ce jour. Qu’Effisio et son oncle emportassent la parole du père de Grazia, tout était fini ; les rivaux pourraient ensuite se présenter.

À dix heures, je fis préparer par la vieille Angela un déjeuner froid, qu’on put manger aussitôt, et la priai d’aller à la cave, dès qu’elle entendrait le pas des chevaux. À onze heures, j’allai sur la route, et, ne voyant point venir ceux que j’attendais, je revins, espérant qu’ils pouvaient avoir pris un autre chemin et que j’allais les trouver à la maison, ou peut-être apprendre d’Angela qu’ils étaient déjà repartis pour se rendre chez de Ribas. Mais nul n’était venu, et midi, une heure, sonnèrent sans que je visse Effisio.

L’attente dès lors devint pénible. Que pouvait-il être arrivé à Effisio ? Car, assurément, ce retard n’était pas volontaire ; il était dans une disposition à briser l’obstacle plutôt que d’y céder. Voulant échapper à ce supplice de compter les minutes en vain, je sortis dans le village et me dirigeai machinalement vers la maison des Ribas. Derrière la fenêtre ouverte, je vis Grazia, pâle, in-