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(Extrait du Journal de Nice du 26 janvier 1865)

En trois pas, cela est rare à constater de nos jours, un écrivain tout à fait inconnu est arrivé à une réputation qui est presque la gloire déjà. André Léo, c’est le nom du romancier, a franchi à tire-d’aile l’espace incommensurable qui sépare, d’ordinaire, l’indifférence pour les débuts de cette notoriété éclatante qui commande l’attention du public. — Une légende touchante plane sur ce nom d’André Léo ; et si ce n’est point à ces circonstances particulières que l’auteur du Mariage scandaleux doit le succès de ses livres, elles y ont aidé depuis quelques semaines, et nous nous en réjouissons, puisque la curiosité et la sympathie du public sont venues au-devant d’un grand talent et lui ont assuré une belle place au soleil.

André Léo, raconte-t-on, est un pseudonyme qui cache le véritable nom d’une femme du meilleur monde, d’un esprit fort cultivé, d’un cœur élevé. Madame C… (une initiale, c’est tout ce que j’en sais), du prénom de chacun de ses deux enfants se composa ce pseudonyme qui lui porta bonheur, comme toute idée touchante à laquelle se mêle un peu de religion. Il se trouva que cette jeune mère, en trempant sa plume inexpérimentée dans l’encrier, y trouva non pas l’encre avec laquelle on improvise des