Page:Leo - Jacques Galeron.djvu/61

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fréquemment il nous rejoignit ; les derniers jours il nous accompagna. Je crois que Suzanne l’eût prié de chanter ou de se taire, car elle restait rêveuse et absorbée comme lorsque nous étions seules, et me laissait causer avec lui. Mais une fois Jacques entra chez nous et y passa la soirée. Sa timidité peu à peu se dissipa ; au bout de deux heures nous étions intimes comme de vieux amis. C’est une nature douce et bonne que celle de Jacques, et où l’on sent un fond si vrai de franchise et d’honnêteté, qu’il vous a vite gagné le cœur. Suzanne l’écoutait, silencieuse. Quand il fut parti, elle se mit à causer avec une vivacité extrême, et tout ce qu’elle disait avait pour but de nous faire parler de lui. En sa présence, elle redevenait timide ; mais elle se prit d’une plus vive affection pour le grand-père, et combla de prévenances le bon vieillard enchanté.

J’aurais vu tout cela sans peine, mais je craignais que ce jeune cœur se donnât trop vite, sûre qu’il se donnerait pour tou-