Page:Leo - L Ideal au village.pdf/40

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« Combien vous faut-il, mon brave homme ? demanda Lucien.

— Ce qu’il plaira à la générosité de monsieur, répondit le commissionnaire en soulevant humblement son chapeau. Il fait bien chaud, ajouta-t-il en s’essuyant le front.

— As-tu de la monnaie ? demanda Lucien à sa sœur.

— Que te faut-il ?

— Bah ! dit-il à demi-voix, il faut être magnifique. Donne-moi trente sous. »

Mais en les recevant, l’homme fit une grimace et resta la main ouverte en regardant l’argent d’un air de mépris :

« Ça vaut plus que ça, dit-il. Je me suis éreinté pour vos malles ; ça n’est pas payé. »

Agathe, présente à cette scène, eut un air si mortifié que Lucien rougit.

« En vous donnant le prix d’une journée dans ce pays, dit-il, je pensais…

— Oh ! ça n’est pas tout ça. Je ne suis pas à la journée ; c’est un service. Je pensais que monsieur serait généreux et me donnerait la pièce ronde ; mais puisqu’il faut faire son prix, ça vaut au moins cinquante sous. »

Et il énuméra les peines qu’il avait eues à la descente et à la montée, et tous les cailloux du chemin. Son cheval n’en pouvait plus… Lucien, impatienté et déconcerté de l’aventure, lui remit ce qu’il demandait et rentra dans la salle à manger en disant :

« Vos commissionnaires, mon oncle, sont devenus exigeants.