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yeux, avec souffrance, sur l’image conservée dans son cœur, et qui se troublait.

Après une demi-heure de conversation, on alla visiter le jardin, la ferme. Rachel suivait ; sa mère lui ordonna de rester à la maison. L’enfant saisit la main de son père.

— Papa ! dit-elle d’un ton suppliant.

— Allons, elle peut bien venir, dit Ernest.

— Laisse-la donc, elle nous embarrasserait.

Ernest hésitait. Sidonie dit qu’elle se chargeait de la petite fille, et la porterait au besoin. La mère céda, mais de mauvaise grâce. Alors Ernest s’approcha de Sidonie :

— Vous êtes toujours bonne, dit-il.

Elle sentit son cœur se gonfler et ne trouva rien à dire. Ils marchèrent ensemble dans les allées avec la petite ; les deux dames étaient devant avec le petit garçon. Ernest se mit à parler du passé avec abandon, avec la douceur des souvenirs. Et cette conversation, souvent interrompue par les objets qui se présentaient, il la reprenait toujours. Ils se trouvèrent enfin seuls au bout d’une allée de charmilles, tandis que Mme Moreau montrait à Mme Jacquillat son potager. Il y avait un banc où ils s’assirent, la petite Rachel sur les genoux de son père.

— Et Léontine ? demanda Ernest tout-à-coup, y a-t-il longtemps que vous ne l’avez vue ?

Léontine ! Sidonie fut étonnée de cette familiarité, et sa physionomie le marqua probablement, car Ernest reprit :

— Que voulez-vous ? je ne puis pas l’ap-