Page:Leo - L Institutrice.djvu/189

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— Mais que vous a-t-il pu dire ? Je ne comprends pas.

— Ce qu’il a dit ? des bêtises ! Et si vous croyez que je vas vous répéter ça…

Elle céda pourtant, non sans peine, aux instances de Sidonie.

— Mais, cher ami, avait dit M. Lucas à M. Maigret, en rentrant à la maison, je ne puis vraiment pas me décider à ce mariage. Je viens de causer avec Mlle Jacquillat. Elle a sans doute ses qualités ; mais… elle n’est pas instruite du tout, d’abord ; elle fait des fautes de syntaxe, et puis elle n’a pas le jugement droit. J’en suis désolé ; car j’ai vu qu’elle s’attendait à ma demande ; et même elle a été au devant ; je n’aime pas ça. J’ai donné à la chose, à cause de vous, un tour favorable pour son amour-propre ; elle pourra dire, si elle veut, qu’elle m’a refusé ; je suis généreux, et bien au-dessus de ces misères ; mais enfin je me suis dégagé net.

— Et vous l’avez plantée là, comme ça, toute seule ? avait objecté M. Maigret.

— Elle avait un tel dépit ! c’est elle qui m’a ordonné de la quitter ; sans quoi, je suis trop galant…

Sidonie, indignée, raconta exactement ce qui s’était passé, et Mme Maigret la crut avec joie ; mais il n’en fut pas de même de son mari, et M. Maigret garda toute sa vie de grands doutes à ce sujet.


CHAPITRE VI

De retour à son foyer, Sidonie reprit sa tâche d’institutrice, en s’efforçant d’y consacrer tous ses sentiments et toutes ses pensées ; mais, pendant les vacances, ses en-