Page:Leo - L Institutrice.djvu/188

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elle se reprocha son égoïsme, et rassembla tout ce qu’elle avait au cœur de tendresse et de dévouement pour aimer pleinement et remplir cette tâche haute et sacrée, qu’elle avait enfin comprise.

Au bout d’une heure, pensant que M. Lucas avait eu le temps de partir, elle reprit le chemin de la maison. L’enfant, qui d’abord les accompagnait, s’était depuis longtemps échappé à travers champs. Sidonie rencontra au bout du chemin M. Maigret, qui la cherchait et l’aborda d’un air composé, où se lisait une secrète pitié. Ils rentrèrent. M. Lucas était parti. Mme Maigret était de mauvaise humeur. Si bien que Sidonie, se croyant blâmée par ses hôtes d’avoir refusé M. Lucas, voulut s’en expliquer le soir avec Mme Maigret.

— Je vois que vous êtes fâchée contre moi, chère madame Maigret, à cause de M. Lucas !

— Contre vous ? Eh bien, par exemple ! non, ça n’est pas contre vous que je suis fâchée. C’est contre lui d’abord, et puis contre moi, de vous avoir touché mot de ça, hier. Dame ! je croyais que c’était comme fait, moi.

— Que voulez-vous, on ne peut pas épouser quelqu’un qui ne vous plaît pas.

— Vous êtes joliment bonne de l’excuser comme ça. Moi, j’en suis en colère. Je ne dis pas que ce n’est pas un savant ; mais il n’en est pas plus beau ni plus amusant pour ça, et il fait aussi par trop le difficile. Oui, je vous dis, je lui en voudrai toute ma vie de cette affaire-là.

Sidonie regardait Mme Maigret d’un air étonné :