Page:Leo - L Institutrice.djvu/191

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jolis ouvrages, de charmants dessins firent la gloire de quelques familles et le tour du village. Mais, d’un autre côté, la liberté des enfants, à la promenade, au jardin, amenait toujours quelque étourderie dont on faisait grand bruit. Avec le système des punitions et de la contrainte, il y avait toujours eu de ces escapades, que, du reste alors, les enfants cachaient avec plus de soin. Mais alors tout cela passait pour effet naturel de la perversité enfantine ; tandis que maintenant c’était uniquement l’effet du système de liberté. Toute innovation, tout novateur a cette impossible épreuve à subir : être parfait, ou être condamné, toujours condamné, il va sans dire. Le patient, heureusement, en réchappe souvent ; mais que de peine à vivre, hélas ! et à grandir !

Les mères, d’autre part, se plaignaient de l’indépendance de caractère de leurs filles. Ces enfants raisonnaient. Horreur ! On comptait sur l’école pour les rendre souples, passives, obéissantes ; et c’était presque le contraire ! Elles avaient des notions du juste et de l’injuste qui les faisaient s’indigner d’être battues, et grondées mal à propos ! Cela ne pouvait durer ainsi.

La pauvre institutrice tenait bon, faisant de son mieux, s’isolant le plus possible de ces commérages qui la désolaient, s’attachant de plus en plus à son œuvre, et heureuse et émerveillée de voir avec quelle rapidité se développaient les jeunes intelligences qui lui étaient confiées. Elle reconnaissait avec une joie profonde que ces natures populaires, paysannes, tant calomniées, contiennent des trésors de vie intelligente que l’éducation, pour peu qu’elle soit en accord avec la nature, met au jour ; tandis que, très