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tenait à remplir son devoir ; mais il restait une chose étrangère à elle ; c’était une tâche qu’elle prenait telle qu’on la lui avait donnée, une consigne à laquelle elle ne soupçonnait même pas qu’on put rien changer. C’était avec une bonne foi complète qu’elle regardait l’enseignement comme tout entier contenu dans l’abécédaire choisi par l’Université, dans l’arithmétique, dans la grammaire de Noël et Chapsal. On lui avait remis la lettre ; elle la transmettait. Son esprit demeurait ailleurs, dans ses souvenirs, dans ses regrets, dans quelques rêves lointains et vagues, dans ce fond d’espérance qui n’abandonne jamais les jeunes cœurs.

Elle était bonne pour les enfants, mais sans affection, et patiente plutôt que douce. Elle enseignait régulièrement et avec assez de clarté ; mais la classe restait froide et tout le monde, élèves et maîtresse, comptait l’heure. Sidonie, quant à elle, agissait en conscience, renouvelait chaque jour son effort ; mais le sens énergique de l’enfance n’admet pas ces héroïques duperies, et les fillettes, condamnées à l’ennui de par l’Université, protestaient de leur mieux, comme partout, en rusant avec la tâche et la discipline. Il va sans dire, comme partout aussi, que les progrès étaient lents.

En pareille occurrence, la sagesse des nations n’a qu’une voix : punir ! c’est-à-dire dompter par le châtiment et la peur l’esprit rebelle, démontrer la beauté de la science par l’horreur des coups. La suppression des punitions corporelles, n’a pas été un changement de système, mais un simple changement d’applica-