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Il y aurait beaucoup à dire, au point de vue moral, sur le mariage imposé comme expédient économique ; mais, pour ne parler en ce moment que du fait, il est reconnu que de moins en moins, l’homme, l’ouvrier surtout, se marie. La femme et les enfants sont une charge, une obligation, et l’on préfère, sous l’égide d’une loi complaisante, exploiter la femme et perdre l’enfant. On l’a dit, on l’a répété, on le crie : les mœurs sont en décadence. Le concubinage dans les villes est devenu la règle, le mariage l’exception. On en demeurera convaincu si l’on réfléchit que le concubinage se renouvelle un nombre de fois indéterminé, tandis que le mariage ne compte généralement que pour une fois dans la vie.

Il a été question souvent de la lutte entre l’honneur et la faim imposée à l’ouvrière. Cette lutte existe sans doute, hélas ; mais dans la plupart