Page:Leo - Legendes correziennes.djvu/33

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avec Toiny et Nanon ; il parait qu’ils ne surent pas même se dire combien le temps avait été long ; mais ils se virent de cette manière-là une ou deux fois par semaine, quand Toiny pouvait s’échapper un peu. La joie en était plus grande ; on causait plus vivement et de plus près. Il fallut bien que Toiny s’aperçût enfin combien la Nanon devenait belle, et qu’elle n’avait plus son corsage de petite fille, et que ses yeux noirs étaient plus brillants que la rosée du matin dans le trèfle en fleur.

De sorte qu’ils en vinrent à ne plus rien se dire du tout, et que c’était tout à peine que Toiny pût prononcer le bonjour en arrivant. Il s’asseyait auprès d’elle, un peu sur le bord de son tablier, puis se mettait à la regarder, ainsi, posée, avec sa quenouille, le rocher derrière elle et sa figure dans le bleu du ciel. Ça rendait toute gênée la fillette, qui rougissait, et dont le sein respirait plus fort. Elle aussi eût bien voulu regarder son amoureux ; mais elle n’osait guère, quand